L’art de composer les encens et les parfums magiques
Selon la Golden Dawn et l’A. A.
Fred MacParthy & Dominique Dubois
Comme vous le savez sans doute, j’écris actuellement un ouvrage sur les encens. Et comme vous devez vous en douter, à cette occasion je lis beaucoup d’ouvrages sur le sujet. Du coup, je me disais que comme je vois un peu de tout, et quitte à écrire de temps en temps quelques chroniques de bouquins, pourquoi ne pas écrire sur ce que je lis. D’autant que ça fera un complément intéressant à la publication de mon futur livre, sachant que je ne pourrais pas détailler toute une critique dans la bibliographie, alors autant le faire ici…
Pour démarrer ce cycle, j’ai voulu vous proposer un livre d’un auteur que j’aime beaucoup : Fred MacParthy. En plus d’être un ami de (très) longue date, c’est quelqu’un que j’apprécie particulièrement pour sa méthodologie, son sérieux et la qualité de ce qu’il propose au travers de sa maison d’édition. C’est de mon point de vue, l’une des principales références sérieuses de la sphère ésotérique française contemporaine. Loin des fumages de moquette et autre délires fantasmagoriques, Fred apporte le sérieux et l’ancrage qui fait trop souvent défaut aujourd’hui.
Bon, vous me direz, ça risque de manquer d’objectivité cette critique ! Mais je vais tâcher de faire un effort et de donner mon avis sur ce livre le plus sincèrement possible.
Il faut savoir que ce livre en est à sa seconde version. Je m’étais déjà régalé avec la version précédente dont le titre était un peu différent : « Traité des parfums, des plantes réelles ou imaginaires & des drogues végétales ». Publié en 1996 aux éditions Magick & Mystic presse, j’ai dû me le procurer auprès de Fred au tout début des années 2000. Son approche était plutôt branchée O.T.O. d’où la très forte influence de Crowley.
Cette seconde édition a donc été remaniée dans un contexte plus « Golden Dawn » (même si l’influence Crowleyenne transpire toujours !) afin d’intégrer la collection dédiée à cet ordre magique par Sesheta Publications.
Vous noterez aussi que deux auteurs s’y sont collés. Fred Macparthy que vous connaissez tous, et Dominique Dubois que les petits nouveaux dans la sphère éso ne connaissent pas forcément tant il se fait rare de nos jours, malheureusement. Il est pourtant à l’origine de l’excellente revue « Historia Occultae » qui se déroula sur 6 numéros entre 2008 et 2011, puis des « Cahiers de l’ailleurs » jusqu’en 2015 (5 numéros). On y retrouvait des noms comme Serge Caillet, Arnaud de l’Estoile, Philippe Marlin, Rémi Boyer ou encore… Fred MacParthy !
Avec deux auteurs comme ça, vous pensez bien, cet ouvrage sur les encens s’annonce particulièrement intéressant. Rentrons donc dans le vif du sujet.
Table des Matières :
Introduction.
De la Structure de ce Traité. Les 4 Éléments & l’Esprit. Les 7 Planètes. La Nature Planétaire des Plantes. Les 12 Signes du Zodiaque. Des Drogue Végétales en Magie. Magie, Parfum & Odorat.
Chapitre I. Des Méthodes pour Brûler les Parfums, le l’Encensoir, du Charbon & Feu Magique.
Chapitre II. Les Plantes Symboliques, Parfums et Drogues Végétales assignés aux 10 Sephiroth d’après le Liber 777 & la Golden Dawn.
Chapitre III. Les Plantes Symboliques, Parfums et Drogues Végétales assignés aux 7 Planètes d’après le Liber 777 & la Golden Dawn.
Chapitre IV. Les Plantes Symboliques, Parfums et Drogues Végétales assignés aux 12 Signes du Zodiaque d’après le Liber 777 & la Golden Dawn.
Chapitre V. Les Plantes Symboliques, Parfums et Drogues Végétales assignés aux 4 Éléments et à la Quintessence d’après le Liber 777 & la Golden Dawn.
Chapitre VI. De l’Art de Composer des Parfums et des Encens.
Chapitre VII. Différentes Compositions de Parfums et d’Encens.
Bibliographie.
Table des Matières.
Quatrième de couverture :
Ce quatrième volume est consacré à la création des Parfums et des Encens qui sont en usage en Magie Cérémonielle. Vous y trouverez une liste de plantes réelles ou imaginaires, de résines, de gomme et de bois servant à la composition de parfums et d’encens.
Notre méthodologie est développée selon la classification des tables de correspondances du Liber 777 d’Aleister Crowley, mais aussi selon les mythes et légendes, ainsi que la médecine hermétique traditionnelle.
Dans la première partie de l’ouvrage, nous développons les méthodes pour brûler les parfums, confectionner l’encensoir et identifier le feu magique.
Dans la seconde partie, nous donnons des classifications de Plantes Symboliques, de Parfums et de Drogues Végétales, assignés aux 10 Sephiroth, aux 7 Planètes, aux 12 Signes du Zodiaque, et aux 4 Éléments et à sa Quintessence, d’après le Liber 777, l’Astrum Argentinum et la Golden Dawn.
La troisième partie de l’ouvrage traite de “l’Art de composer les Parfums et encens” selon les qualités des plantes, des gommes et des résines, selon leurs odeurs, leurs couleurs, etc. et une série de compositions d’encens traditionnelles.
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Le programme est alléchant, mais tient-il ses promesses ? Et bien de mon point de vue, oui, complètement. Nos deux auteurs ont su éviter les travers et les pièges de la littérature contemporaine liée aux encens. Ici, il ne s’agit pas d’aligner un maximum de plantes pour faire du volume, mais bien d’étudier sincèrement et méthodiquement ce qui est utilisable en encens. En effet, depuis Mikaël d’Estissac puis Cunningham (dont nous aurons l’occasion de parler), bien trop d’auteurs pensent que l’on peut « tout brûler » !
C’est malheureusement ignorer que toutes les plantes ne se brûlent pas, loin de là, et que seules les résines odorantes ainsi que certaines parties de certaines plantes dégageant un parfum à la crémation sont utilisables en tant qu’encens. Les longues listes de plantes que l’on retrouve dans certains grimoires étaient données généralement pour une autre forme d’utilisation des plantes en magie qui consistait à porter de petits sachets de poudre de plantes un peu comme des « talismans », on dirait même aujourd’hui des condensateurs fluidiques ou des catalyseurs.
D’autre part, il ne faut pas oublier que beaucoup de plantes perdent leurs principes actifs lorsqu’elles sont brûlées et que le langage de l’encens est donc essentiellement olfactif ! Nous aurons l’occasion de reparler de tout ça dans nos prochaines critiques de livres.
De fait, Fred MacParthy et Dominique Dubois ont parfaitement compris la portée d’un encens. A la suite de solides recherches tant historiques que botaniques (essentielles pour savoir quoi brûler et de quoi on parle !) ils nous livrent un panel de plantes et de résines, parfois connues (oliban, benjoin, galbanum, etc.), d’autre fois beaucoup moins (Onycha, Indigo, dictame de Crète, etc.) et c’est ce qui fait sa richesse. C’est sûr, vous ne trouverez pas toutes les plantes citées dans des boutiques ésos, et c’est tant mieux, car cela vous incitera à sortir de votre paradigme pour réaliser vos propres recherches.
Loin également de l’esprit « rose bonbon » des publications New-âge, nos deux auteurs abordent aussi les plantes toxiques et hallucinogènes qui représentent une partie conséquente de l’art des encens. Et oui, vous croyiez peut-être que vous alliez voir défiler dans votre occultum Dieu et tous ses saints sans réaliser une légère altération de votre conscience ? La boucle est bouclée, nos auteurs parlent sans langue de bois et c’est tout à leur honneur !
J’ai bien aimé aussi leur méthodologie pour la création d’encens, c’est clair, « logique », et surtout terriblement efficace ! Une liste de compositions traditionnelles vient compléter l’ensemble ainsi que les compositions classiques liées à la Golden Dawn, ce qui ne gâche rien.
La bibliographie est également conséquente et fourmille de références qui vous permettront d’aller encore plus loin.
Bon, j’avais dit que je serais objectif, voici donc les rares points négatifs que j’ai pu soulever :
Tout d’abord l’organisation du livre est assez… compliquée ! Elle est basée sur le 777 de Crowley, la kabbale et ses sentiers et, pour le « non-initié » (rassurez-vous, pour « l’initié » aussi !) c’est très difficile de s’y retrouver si vous cherchez une plante en particulier. De plus, l’index de la première édition a disparu ! (Fred ! Où as-tu était me planquer cet index ???).
C’est essentiel un index dans ce type d’ouvrage, plus encore quand l’organisation est aussi… originale ! Du coup, dès qu’il s’agit d’utiliser le livre pour faire des recherches ou pour avoir des informations sur telle ou telle plante, j’en reviens nécessairement à la première édition. C’est dommage je trouve. Donc un conseil, pour la prochaine édition, il faudra penser à remettre l’index !
A part ça, c’est un très bon ouvrage, comme toujours chez Sesheta (ce n’est pas pour jeter des fleurs, mais je n’ai JAMAIS était déçu par les publications de cette maison d’édition !). Sans doute le seul livre actuel sur les encens réellement opératif pour la magie ou du moins, avec des informations précises, sourcées (très important pour moi !), et fiables.
Je suppose que maintenant que vous avez lu tout ça, vous souhaitez vous le procurer, et vous avez raison ! Vous le trouverez ici :
Bonne lecture à tous, et à très bientôt pour un autre livre !