Encyclopédie des plantes magiques
Scott Cunningham
Aujourd’hui je vais vous parler d’un livre considéré comme un classique du monde ésotérique contemporain : L’encyclopédie des plantes magiques, de Scott Cunningham.
Bon, je dois d’abord reconnaître une chose, je n’ai découvert cet ouvrage que sur le tard, lorsque j’ai entrepris mes propres recherches sur les encens. En parcourant certains forums, cet ouvrage était souvent mis en avant quand on y parlait de plantes ou d’encens, et ses lecteurs ne tarissaient pas d’éloges quant au sérieux et à la qualité de l’ouvrage, une véritable « bible » sur les plantes.
Finalement, rassemblant un maximum de documentation, et devant l’engouement qu’il suscitait, je me suis résolu à me le procurer, espérant y trouver, comme je l’ai lu, une référence !
Et puis je l’ai reçu, je l’ai ouvert, et…
Le livre s’ouvre sur une petit introduction expliquant « le pouvoir des plantes » où l’auteur indique surtout sa vision de la magie qui est, il faut l’admettre, bien plus proche d’une sorcellerie des campagnes que de la magie. On y trouve une vision très « simpliste » voire « puérile » de la magie qui malheureusement va perdurer tout au long de l’ouvrage. C’est d’ailleurs malheureusement le cas de beaucoup d’ouvrages américains de ce type, orientée vers une « magie new-âge » et axée davantage sur la croyance que sur l’efficience.
Le chapitre suivant parle rapidement du nécessaire à la pratique de la magie des plantes : pilon, mortier et encensoir et finit par énoncer une série de « principes magiques » dont la onzième résume bien le ton de l’ensemble :
« La magie est amour. Toute pratique magique devrait être imprégnée d’amour. Dès l’instant où votre pratique magique se teinte de colère ou de haine, vous traversez la frontière d’un monde dangereux qui finira par vous consumer. »
Oui, je sais, c’est naïf, et ce n’est que le début !
Je vous passerais les deux chapitres suivant parlant des rites, procédures et intentions magiques et qui me laissent la sensation étrange de faire partie d’un film ou d’une série américaine pour ado en mal d’imagination…
Arrive enfin ce qui doit constituer le « cœur » de l’ouvrage, l’énorme répertoire de plantes proposées (plus de 260 pages quand même !) qui nous illustre bien une méthode de notre époque qui permet à la quantité d’éluder la qualité ! En effet, on peut vite se dire au premier abord que l’auteur a fait un travail énorme tant il y a un nombre conséquent de plantes étudiées, mais quand on connaît le sujet et que l’on s’attarde sur ce qui est écrit, on s’aperçoit bien vite que les fiches ont été bâclées, mélangeant croyances et informations sans dissocier l’une de l’autre ce qui n’aura pour effet que d’embrouiller le débutant qui « croira » sans discernement toutes les absurdités énoncées dans cet ouvrage. Florilège :
« Amanite tue-mouche
Rituels : Selon certaines hypothèses, l’amanite était au cœur des rituels secrets de certaines religions mystères de l’époque classique. (Ou l’art de faire du plein avec du vide !)
Usages magiques : Pour accroître la fertilité, placez le champignon sur l’autel ou dans la chambre à coucher du sujet. Malheureusement, le poison de l’amanite est si virulent qu’il vaut mieux ne pas utiliser ce végétal. » (Visiblement, l’auteur ignore totalement l’emploi chamanique de ce champignon et pire, ne sait vraisemblablement absolument pas de quoi il parle…)
« Ambroise
Pouvoirs : Courage
Usages magiques : Mâchez la racine durant la nuit pour chasser toute peur. » (Et oui, parce que du courage, il en faut pour mâchez ça toute la nuit !)
« Benjoin :
Usages magiques : Porté, le benjoin augmente la force physique ; les travailleurs et les athlètes ont donc intérêt à utiliser cette plante pour renforcer leur corps. » (Mais où l’auteur va-t-il chercher tout ça ? Il fait un concours ou quoi ?)
« Géranium
Usages magiques : Tous les géraniums parfumés possèdent diverses propriétés magiques liées, dans la plupart des cas, à leur arôme (muscade, citron, menthe poivrée, etc.) Les géraniums à odeur de muscade possèdent grosso modo les mêmes pouvoirs que la muscade et il en va de même pour les autres parfums ». (Une autre manière de dire « démerdez-vous ! »)
« Marijuana (ah tiens, je croyais qu’on appelait ça du chanvre ! Le terme Marijuana serait plutôt à classer dans les « noms populaires ».)
Cannabis sativa
Noms populaires : Chanvre indien (celle-là, il fallait quand même la faire ! Chanvre indien : cannabis indica. La variété sativa étant celle plus européenne (mais d’origine équatoriale) et signifiant « chanvre cultivé »)
Je vais m’arrêter là afin de ne pas vous faire perdre votre temps, ni le mien d’ailleurs, mais sachez que ces exemples ont été pris totalement au hasard en ouvrant le livre. Vous pourrez donc, si vous en avez le cœur, vous amuser vous aussi à relever les innombrables erreurs et incohérences de cet ouvrage qui, mis à part l’aspect ludique dont on vient de parler, ne servira au final qu’à caler un pied de table ou bloquer une porte.
Vous l’avez compris, je suis loin d’être emballé par l’ouvrage ! Je pensais même un temps m’être trompé dans mon achat et j’ai à la suite acheté son autre livre « Le livre complet sur l’encens, les huiles et les infusions » qui est le digne successeur de l’ouvrage présenté ici et dont je vous éviterais la chronique tant il ne vous apportera… rien ! Comme je le disais, c’est le problème d’une grande partie de la littérature américaine (ou des français qui s’en inspire), où le but n’est pas de mettre en place une méthodologie de recherche efficiente pour proposer des informations sûres, sourcées, vérifiées et vérifiables, mais bien de vendre du rêve car c’est bien connu : plus c’est gros, et plus les gens y croient ! Un livre commercial donc, à bannir de la bibliothèque du chercheur…
Pour clore cette chronique déjà trop longue par rapport à la qualité de l’ouvrage, je n’aurais qu’une chose à vous conseiller si vous croisez ce livre au détour d’une librairie : passez votre chemin !