Un rucher au jardin
J’ai toujours pensé qu’il ne suffisait pas de prononcer de belles paroles et de donner de beaux conseils en stage ou en conférence, si l’on n’était pas soi-même capable de les suivre.
Je crois que l’expérience est ce qui valide nos théories, nos pensées ou nos croyances. En expérimentant, il est facile de donner un avis sur ce que nous faisons et ce, dans n’importe quelle domaine de notre vie. Sans cette expérience, il ne peut y avoir de certitude. J’ai souvent tendance à dire que « quand on ne sait pas, on ne dit rien ». Si seulement tout le monde appliquait ce principe à soi, il y aurait bien plus d’avancées collectives que de disputes.
Du coup, j’essaye d’appliquer ce principe à tous les domaines de ma vie, et pas seulement à la magie ou aux sciences occultes. Pour ma famille et pour moi-même, j’essaye de vivre sainement, sans tomber dans un extrémisme impossible à mettre en place.
Nous avons ainsi choisi de vivre à la campagne, avant tout pour la qualité de vie qui y est possible, mais aussi d’un point de vue économique. Il est possible à la campagne, d’avoir plus grand pour moins cher. Et quand l’espace est approprié, il peut devenir le lieu de multiples expériences.
C’est ainsi que depuis quelques années, j’expérimente différentes cultures (bio) pour produire mes légumes, j’élève des poules et bientôt des poulets. Tout cela fera l’objet d’autres sujets dans cette rubrique.
Mais ma dernière initiative a été la mise en place d’un petit rucher au fond de mon jardin. Les objectifs de cette action sont multiples :
- Tout d’abord, la préservation des abeilles. C’est sympa de signer des pétitions pour protéger les abeilles, c’est mieux d’en élever ! D’autant qu’il ne suffit pas d’avoir un grand terrain pour poser une ruche ou deux. Il y a beaucoup de fausses idées sur les abeilles, l’expérience permet de prouver qu’elles sont souvent infondées. Evidemment, je ne parle pas d’avoir 50 ruches ! Deux sont largement suffisantes.
- Ensuite, ma démarche vise à accéder à une « semi autosuffisance » dans tous les domaines possibles. Il ne faut pas se leurrer, ne plus dépendre de personne dans notre société est une utopie pour la plupart d’entre nous. De toute façon, l’homme étant un animal grégaire, l’autonomie est un non-sens à l’échelle de l’individu. Mais il y a des choses que l’on peut faire, et des pistes, chacun à son niveau, que l’on peut explorer. Cultiver ses légumes pour manger mieux et sain, produire ses œufs, ses poulets, ou encore faire son miel ! C’est cette dernière raison qui m’a incité, à la suite de la préservation des abeilles, à installer des ruches chez moi. Aujourd’hui, le miel que l’on trouve en grande surface est souvent coupé avec de l’eau, ou provient de sources multiples (en Europe ou en Chine), ce qui n’en finit plus de diminuer sa qualité. Le sucre que l’on nous propose est raffiné à l’extrême est devient source de nombreux problèmes de santé. Pourtant, le miel directement sortit de la ruche est plein de propriétés aussi bien médicinales qu’alimentaires. L’idée de départ est de se passer du miel du commerce et, au final, remplacer tout le sucre de la maison par du miel.
- Enfin, quel plaisir de produire son propre miel, d’étudier les abeilles qui sont des animaux exceptionnels, et de récolter, en plus du miel, du pollen et de la propolis, sur lesquels je pourrais réaliser certaines expériences alchimiques !
C’est donc pour toutes ces raisons et bien d’autres encore que j’ai décidé de tenter l’expérience. Après avoir convaincu Jérôme, mon meilleur ami, de s’associer à mon projet, nous avons commencé à nous renseigner sur la législation, et sur la façon de procéder.
En fait, il est tout à fait envisageable, même en ville d’installer une ou deux ruches sur son toit ou dans son jardin. Au niveau législatif :
« Chaque département a son arrêté préfectoral concernant les distances à respecter avec le voisinage et la voie publiques. Ces distances peuvent aller de 20 à 100m.
Les maires peuvent également durcir les conditions d’emplacement des ruches par arrêté municipal. Il faut naturellement se renseigner auprès de sa mairie.
Mais, selon l’article 207 du Code Rural :
« Toutefois, ne sont assujettis à aucune prescription de distances les ruches isolées des propriétés voisines ou des chemins publics par un mur, une palissade en planches jointes, une haie vive ou sèche, sans solution de continuité. Ces clôtures doivent avoir une hauteur de 2 mètres au-dessus du sol et s’étendre sur au moins 2 mètres de chaque côté de la ruche. »
Autrement dit, si vous avez un jardin clôturé, rien ne vous empêche de poser une ruche ou deux.
Il faut noter aussi que la grande cause de mortalité des abeilles en France aujourd’hui, est l’utilisation massive de pesticides dans notre agriculture. Les champs ne sont plus les garants d’une alimentation saine pour les abeilles. Par contre, les villes ou les villages, dans lesquels on retrouve une diversité d’arbre et d’arbuste et de nombreux jardins potagers privés, proposent une nourriture variée et abondantes pour nos amies. La sauvegarde des abeilles passera donc peut-être par leur introduction dans nos villes !
Mais revenons-en à nos moutons… enfin à nos abeilles. J’ai donc décidé d’installer un petit rucher (2 ruches) au fond de mon jardin. Pour plus de sécurité, j’ai fabriqué un enclos afin qu’elles ne soient pas dérangées par mes chiens, et afin que mes enfants ne s’en approchent pas trop non plus.
Il a fallu également s’équiper ! Et de ce point de vue-là, je dois reconnaître que c’est tout de même un investissement ! J’avais projeté au tout début de construire mes ruches (il existe de nombreux plans sur le net). Mais par manque de temps, j’ai opté pour une solution plus rapide, l’achat des ruches sur www.apiculture.net (sans doute le meilleur site de vente que j’ai trouvé ! De plus, vous êtes livré deux jours après la commande, ce qui est vraiment pratique.)
Avec les ruches, il a fallu aussi prendre le petit matériel et la combinaison (vous pensiez pas que j’allais aller voir des abeilles sans protection quand même ! ). Et puis, sur les cadres des ruches, il faut également fixer des feuilles de cire gaufrée, là encore, ça nécessite un investissement, et un peu de technique !
Pour résumer, il faut compter environ 90 € par ruche, une cinquantaine d’euros de cires gaufrée (pour les deux ruches) et l’équipement du parfait petit apiculteur (combinaison, gants, lève-cadre, enfumoir, et brosse à abeille) pour disons 85 €. Au total, ça représente tout de même 315 € d’investissement, mais ce n’est pas tout ! Car c’est bien beau d’avoir des ruches, encore faut-il y mettre des abeilles ! En me renseignant sur le web, je n’ai pas pu trouver d’essaim à moins de 140 € l’un ! Du coup, je suis revenu aux fondamentaux, j’ai pris mon téléphone et appelé les apiculteurs de ma région. J’en ai trouvé un très sympa, à une demi-heure de chez moi qui me proposait l’essaim à 80 €. Mieux, je lui apportais mes ruches, il élevait une reine et sa suite dans chacune d’elle, et une fois que la colonie avait démarré, je revenais chercher mes ruches ! Super ! D’autant que cet apiculteur est en plus, très généreux en conseils et astuces diverses. Il m’a même proposé de le contacter dès que j’avais la moindre question…
Du coup, avec Jérôme, nous avons apporté nos ruches (il en a 2 aussi) chez l’apiculteur et avons attendu son appel. Et le week-end dernier, le vrai travail a pu commencer !
Il était hors de question pour nous de coller les ruches dans le coffre d’une voiture et ce, même si nous ne les récupérions qu’à la tombée de la nuit (les abeilles sont aveugles la nuit !). Nous avons donc atteler la remorque et sommes partis à l’aventure, pas trop fier quand même (je vous avais parlé des « aprioris », non ?). La récupération des ruches s’est relativement bien passée, mais le trajet a quand même brassé nos ruches qui ont connu quelques « fuites » d’abeilles. Quand on a constaté à l’arrivée que des grappes d’abeilles entouraient les ruches, j’avoue que l’on a stressé un peu. Mais bon, en combinaison, on ne risquait rien. Nous avons mis en place nos ruches sans difficultés, même si le trajet et ses inconvénients avait quelque peu énervé nos abeilles. Nous n’avons compté aucun dard sur nos vêtements. J’ai pu également remarqué que les abeilles, comme beaucoup d’animaux, sont sensibles à la peur que vous allez émettre. En approchant les abeilles sans aucune peur et de façon calme et « zen », elles ne s’approchent pas de vous. Mais dès que vous stressez un peu ou que vous commencez à en avoir peur, elles se collent sur votre combinaison, comme si le stress se communiquait à elle.
En réalité, les abeilles sont bien plus sympas qu’on le pense. Bien sûr, si elles se sentent menacées, elles vont attaquer. Mais pas avant de vous avoir prévenu ! Une fois mes abeilles dans leur enclos, je leur ai laissé quelques jours de répit pour se remettre de leurs émotions. Ça ne m’a pas empêché de m’approcher régulièrement (sans protection) pour les observer. Il faut savoir que les abeilles ne supportent pas qu’un obstacle se trouve devant leur planche d’envol. C’est pourquoi on aborde toujours une ruche par le côté ou par derrière, jamais par devant ! Seulement si l’on veut les observer, il faut bien regarder par où elles passent, et c’est ce que j’ai fait. J’ai passé la tête par-dessus mon enclos, devant la ruche. En quelques secondes, une « gardienne » a volé vers moi, a fait le tour de ma tête, et m’a « tapé » (sans piquer) dans la casquette. Il ne faut pas être polytechnicien pour comprendre l’avertissement. Je suis donc reparti pour ne pas les déranger davantage.
Notre première visite des ruches s’est faite mardi, soit 4 jours après leur arrivée. Il fallait vérifier que tout allait bien, et poser des hausses « à lécher » afin de leur apporter un peu de nourriture pour s’habituer à leur nouvel habitat. Ma femme m’a accompagné dans l’entreprise. Il faut dire que les « premières fois » sont toujours un peu délicates. J’avais d’ailleurs vu une vidéo sur youtube d’une « première visite » où l’apiculteur, très maladroit, faisait un carnage dans sa ruche, et finissait par énerver tout le monde, au point que les abeilles attaquaient littéralement la caméra ! C’est pas très rassurant.
Nous avons donc préparé l’enfumoir (important cet objet ! On ne va jamais au rucher sans un bon enfumoir. On dit que la fumée « calme » les abeilles, en réalité ça perturbe leurs transmetteurs et les empêche de recevoir les signaux d’alerte des gardiennes. Du coup, elles vous laissent tranquille.), puis préparé les hausses, ainsi que des couvre-cadres nourrisseurs que je souhaitais mettre à la place des couvre-cadre « classiques » pour anticiper les futurs nourrissages. Une fois prêt, nous y avons été.
C’est une expérience très agréable. Le bourdonnement des abeilles au travail produit un effet apaisant, et nous mets à la limite de l’état méditatif. J’ai ouvert les ruches après les avoir légèrement enfumée, l’une d’elle avait souffert dans la remorque, et les cadres avaient tous glissés sur un côté, il a fallu que je replace tout correctement. Cette ruche était de fait, moins peuplée que l’autre. (Elles contiennent tout de même chacune près de 20.000 habitantes ! Et cette population atteindra les 50.000 par ruche courant de l’été.)
Aucune abeille ne nous a attaqué, elles continuaient tranquillement leur boulot pendant que nous faisions le nôtre. Au final, tout s’est parfaitement déroulé. La prochaine étape consistera à retirer les hausses pendant quelques jours, le temps qu’elles remplissent le corps de la ruche.
Le corps de la ruche constitue les réserves de la colonie pour passer l’hiver. En rajoutant une hausse, les abeilles y stockent leur excédent de miel. C’est seulement la hausse que l’apiculteur récupère. Si nous prenions le miel du corps de ruche, la colonie ne survivrait pas à l’hiver. C’est pourquoi il faut attendre que la colonie ait bien rempli le corps, avant de poser la moindre hausse.
Si tout se passe bien, et si l’été est généreux, nous pourrons avoir notre première récolte de miel fin août (pour les connaisseurs, nous utilisons des cadres bâtit pour faciliter le travail des abeilles).
Il faut savoir qu’une hausse peut produire jusqu’à 40 kgs de miel ! Autant vous dire que si nos abeilles travaillent bien, on va avoir de quoi faire plaisir à nos familles !
Dans le courant de l’été, je placerais également sur une de mes ruches une trappe à pollen, pour récolter cet excellent énergisant (une cuillère à café le matin à jeun, et c’est parti pour une journée en pleine forme !)
Voilà, j’arrive au terme de cet article. Je vous tiendrais sans doute au courant de l’évolution de mes ruches, et n’hésitez pas à poser vos questions si vous en avez. Et surtout, si vous avez la possibilité, adoptez des ruches ! Si vous pensez ne pas savoir comment vous y prendre, les syndicats apicoles proposent des matinées de formation régulièrement pour des sommes modiques (en Charente-Maritime, c’est 2 € la matinée !). Ce n’est pas aussi contraignant que de s’occuper d’un chien ou de n’importe quel animal domestique. Les abeilles, vous les laissez bosser, et tout le monde est content.
Et puis sincèrement, ces petits animaux sont fascinant, et le miel, c’est tellement bon !
Les abeilles sont des créature divine elle nous rende la vie fertille
Salut, super pour ce court article, il est très séduisant. Notre thèmatique correspond, donc je me permet de vous faire un petit lien si tu n’y constate pas d’incommodité. Chaleureusement.
très jolie texte Bravo